Les Trompettes

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Les titres dans l’église : « la titromanie »

Saviez-vous que dans la bible nulle part, un ministère de la parole a été appelé par sa fonction comme c’est le cas aujourd’hui ? On voit plutôt ces personnes se présenter en disant  « Paul, apôtre de Christ » (1cor1v1, Eph1v1, Philipien1), « Pierre, apôtre et serviteur de christ » (1pièrre 1v1, 2pièrre 1v1), « Jude, serviteur de Jésus-Christ »(Judev1).

Dans le monde chrétien d’aujourd’hui, on entend de plus en plus l’appellation pasteur X ou prophète Y, à un point où appeler un ministère de la parole par frère ou simplement par son prénom semble être un manque de respect pour certains,  un sacrilège pour d’autres.

Dans le langage courant, lorsqu’on évoque les apôtres ou autres serviteurs de Dieu  de la bible, on entend souvent dire « apôtre Paul », « apôtre jean » ou encore «prophète Samuel »,  c’est qui n’est pas exacte à la lumière de la parole de Dieu. Certes, l’on ne pèche peut-être pas en appelant  un ministère par sa fonction, seulement, les effets qui en résultent sont calamiteux.

Il y a certains pasteurs qui s’indignent carrément lorsqu’on les appelle par leurs prénoms. D’autres réagissent immédiatement,  faisant comprendre qu’ils sont pasteur ou prophète, d’autres encore, se taisent, mais leur silence traduit souvent leur frustration.

Cependant,  d’aucuns ignorent peut-être que dans l’église primitive, les disciples s’appelaient par leur prénom, même pas par frère. Ils disaient frère dans des circonstances biens précises, souvent pour identifier les frères d’une ville, ou pour parler d’une personne dans une situation donnée.

Comme nous devons le savoir, dans l’église des premiers disciples, il n’y avait pas des titres, mais plutôt des fonctions pour l’édification de l’Eglise.  Il est important de savoir qu’à la différence de la fonction, le titre confi essentiellement à la personne qui le porte, des honneurs et des avantages qui ne se justifient pas par l’exercice d’une tâche précise. Dès lors, le titre constitue en lui seul une présomption de compétence pour la personne qui le porte.  Dans la pratique, on précède souvent le prénom par le titre.

En revanche, dans l’Eglise des premiers disciples, les cinq Ministères d’éphésiens 4v11, ainsi que les fonctions de diacre et d’ancien, étaient reconnus par rapport aux fruits et dons qui se manifestaient dans la vie des personnes. Il fallait d’abord que les fruits se manifestent dans la vie des personnes appelées à exercer une fonction, pour qu’ensuite vienne la reconnaissance.  Ainsi, dans la bible, on voit les apôtres donnés des critères pour la nomination des diacres et des anciens (Cfr. Actes 6v3,  1timothée3v1-8).

Par exemple, Philipe,  se vu reconnaitre le Ministère d’évangéliste, lorsque cette grâce qui était en lui s’est manifestée à la suite de son parcours en Samarie et dans d’autres lieux. (Cfr. Actes 8v5-13, 26-40 ; 21v8). De même l’apostolat de Paul vers les païens a été confirmé par pierre et les autres à la suite du témoignage qu’ils ont obtenu de son ministère parmi les païens (Galates 2v7v8-9).

En comparaison avec ce qui se fait aujourd’hui, la considération des différentes fonctions dans la direction de l’église a considérablement été déformée. On est plus dans les titres que dans la fonction. Il suffit qu’on ait  fait la théologie, pour recevoir à la fin de ses études le titre de Pasteur, ou celui de Docteur si l’on possède un doctorat en théologie. Quand bien même  il n’y a aucun fruit, le diplôme suffit.

Le pire, c’est que  non satisfait d’avoir déjà transformé le ministère en titre de gloire, les  « serviteurs de Dieu » d’aujourd’hui en créent d’autres : archevêques ou archbishop, prophètes des nations, Dady,  rockman, évêque général, révérend, etc.

Pourtant, comme peuvent s’en douter certains, ce phénomène n’a pas commencé aujourd’hui. Les premiers titres sont apparus avec l’église catholique qui, au-delà de dénaturer les fonctions déjà reconnue dans les écritures, va ajouter d’autres fonctions auxquelles  elle va attacher des titres.

Par exemple l’évêque de Rome, plus connu sous le titre de pape, va se voir accordé au cours des siècles plusieurs titres, dont,  Évêque de Rome, Vicaire de Jésus-Christ (Durant les premiers siècles le terme ‘vicaire du Christ’ était largement utilisé pour tous les évêques, Même les prêtres étaient ‘vicaires du Christ’. C’est vers leXIIe siècle que ce titre sera réservé au Pape, comme évêque de Rome),  []Successeur du prince des apôtres (Le mot ‘prince’ est à prendre dans son étymologique de ‘premier’. Le pape serait le successeur de Pierre, premier des apôtres), []Pontife suprême de l’Église universelle, (Le pontife est le prêtre qui  fait le pont entre Dieu, les hommes, et l’ensemble de la communauté chrétienne), Saint-Père, etc.

Les cardinaux et les évêques, recevront, pour leur part, le titre de « Eminence et Monseigneur ». Les cardinaux particulièrement, signent officiellement leurs correspondances par « Éminentissime et Révérendissime Seigneur [Prénom] Cardinal [Nom] de la Sainte Église romaine ».

Les divers réformes qu’a subi l’église avait permis d’éradiquer ce phénomène, car  les chrétiens comprenaient que les honneurs que revêtaient la plupart de ces titres étaient soit mondain, soit  dus à Dieu seul.

Cependant au fil du temps, progressivement certains titres sont revenus. Le pasteur qui avait pratiquement remplacé le prêtre ou l’évêque catholique, a généralement pris dans les églises, issues de la réforme, le titre de révérend (Mot qui  signifie en latin  vénérable). Aujourd’hui dans l’église protestante,  les pasteurs à la tête des communautés ont le titre d’évêques, non pas au sens biblique, mais plutôt au sens catholique. Et ils on aussi,  comme dans l’église catholique,  le titre de Monseigneur et un accoutrement spécial à l’occasion.

Dans les églises « indépendantes », ou encore les églises dites de « reveille » comme on les appelle particulièrement en RDC,  les pasteurs qui au début de ces mouvements des années 80 et 90,  accepter qu’on les appelle par leur prénom, ou par « frère », exigent aujourd’hui que les appelle par  leur fonction,. Cela au point où, aujourd’hui en RDC, appeler un pasteur par son prénom, est carrément devenu un signe de non-respect.

Certains même, cumule dans l’appellation trois ou quatre ministères de la parole (apôtre, prophète, évangéliste, Antoine Nzuzi par exemple). Pourtant, Paul qui faisait parti de ce groupe des prophètes, et des docteurs de l’église d’Antioche (Cfr.actes 13), ne se présente pas dans ses épitres comme apôtre, docteurs, prophètes Paul. De même Pierre, qui était pasteur, établi par le seigneur jésus, ancien à Jérusalem, et apôtre, ne mentionne pas toutes ces fonctions dans ses épitres.

Au Congo, à Kinshasa en particulier, cette course aux titres a pris des allures incroyables. De plus en plus naisse des  Bishops  ça et là, des  archbichopes , des évêques généraux  et  archevêques . Ces pasteurs, assoiffés des titres de gloire, ne se donnent même plus la peine d’en connaître la signification.

Le mot évêque par exemple, titre cher à certains pasteurs congolais, vient du grec « episkopos », qui veut dire ni plus, ni moins, surveillant. C’est un autre mot utilisé pour parler des anciens. Dans le Nouveau Testament, ce terme apparaît pour la première fois lorsque Paul exhorte les anciens  de l’Église d’Éphèse (Cfr.Ac 20v17-28).  La  différence que l’on tend à faire dans certaines assemblées entre anciens et évêque, est  l’œuvre d’Ignace d’Antioche, un des pères de l’église qui, au IIème siècle après J.C, place dans ses épitres l’évêque au-dessus des anciens. Sa conception fut soutenue par le Concile de Trente qui, au XVIe siècle, a proclamé que  les évêques, successeurs des apôtres, sont établis par le Saint-Esprit pour gouverner l’Église de Dieu, et qu’ils sont supérieurs à leurs presbytres ou prêtres.

Certains à cause de l’influence des églises anglo-saxonnes, surtout  américaines, préfèrent le titre de Bishop. D’aucuns ignoreraient peut être, que ce titre veut simplement dire évêque en anglais. De ce fait, étant francophone, il aurait  été plus approprié de prononcer le titre dans la langue d’usage.

Que dire des  archevêques  et   Archbishops ? Ces titres, comme la plupart de ceux qui le portent le savent, n’ont  aucun fondement biblique. Ce titre qui veut dire, chef des évêques ou premier des évêques, est l’œuvre d’Athanase d’Alexandrie, qui le donna à l'évêque d'Alexandrie vers le IV siècle. Ce nom dans son origine n'était qu'un terme de vénération et de respect, que l’on a employé par l’église catholique en orient à l'égard des évêques les plus illustres par leur doctrine et par leur sainteté.

Or la bible, nous parle que d’un seul Chef dans l’Eglise : Christ. La Bible dit que « christ est le Chef de l’église» Ephésiens 1v22. Donc c’est lui le chef des évêques qu’il établit dans  le corps dont il est la tête (cfr. Actes 20v28, Colossiens 1v18).

Par ailleurs, le critère de désignation de ces évêques, intrigue. alors que la bible dit que « l’évêque doit être irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, ni adonner au vint, qu’il tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté» (1timothée 3v1-7), ces Bishops et évêques sont tout le contraire. La plupart sont divorcés et remariés, beaucoup d’entre eux vivent dans une profonde vie d’impudicité, dans l’opulence et l’extravagance, avec des enfants à la conduite déréglée. L’un de ces « grands  évêques » de Kinshasa,  est même actuellement en prison à Kinshasa, pour une affaire d’escroquerie.

En dehors de tous les autres titres que peuvent posséder les pasteurs du  XXI ème siècle, l’un que la plupart affectionne particulièrement est celui de pères spirituel ou papa , ou encore dady, anglicisme oblige. Pourtant le Seigneur jésus dit : « n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux » (Mathieu 23v9).

Les uns défendent ce titre en s’appuyant sur la notion de père dans la foi, se référant surtout  à Paul et Timothée, les autres, profitent du contexte culturel congolais où les personnes d’un certain âge, les dirigeants, ou personnes élevés en dignité, sont appelés ainsi.

Du premier point de vue, si l’on considère la notion biblique de père dans la foi, ces papa  et maman pasteurs, sont loin de l’être. Car si l’on observe le père qu’a été Paul pour Timothée, il n’y a aucun rapport avec ce que l’on voit aujourd’hui.  Paul  dit à Timothée: « Toi demeure dans les choses que tu as apprises, et reconnues certaines, sachant de qui tu les apprises ; Vu même que dès ton enfance tu connais la connaissance des saintes écritures qui peuvent te rendre sage à salut, par la foi en Jésus-Christ »(2Timothée 3v14).

Contrairement  les   papa et maman ,  veulent que leurs enfants s’attachent à eux, plutôt qu’à la parole de Dieu, qu’ils défendent leurs hérésie plutôt que l’évangile véritable, qu’il soient toujours dépendant d’eux et non de Dieu.

Par ailleurs, Paul qui était un père dans la foi pour les galates (cfr.Galates4v19), permet à ceux-ci de s’opposer à lui, au cas où il leur apporterait un autre évangile que celui qui leur avait enseigné autre fois (cfr.Galate 1v8) ; chose que les  Dady  ne peuvent accepter, car ils se considèrent infaillibles. Ainsi toute contradiction est considérée, par eux, comme de l’insoumission ou de la rébellion.

En les observant, nous nous rendons compte que les Papa  loin d’être des pères dans la foi, sont en réalité des papes. En effet,  à l’origine le titre de pape, qui vient du grec papas,  c’est-à-dire papa, est le nom que les grecs schismatiques donnent à leurs prêtres, même à leurs évêques et à leurs patriarches. La première foi que ce mot fut utilisé pour désigner un chef religieux de premier plan remonte à Alexandrie, où la population chrétienne de cette ville octroya ce titre à Pierre d’Alexandrie. Plus tard, ce titre fut donné affectueusement à tout évêque en tant que chef de l’église locale qu’il dirige. C’est plus vers le VI siècle que cette appellation fut réservée à l’évêque de Rome

Comme nous le savons, les paroles du pape ont, dans l’église catholique, la même autorité que la parole de Dieu. Ainsi, dans certaines assemblées, les paroles des Dady, ont de plus en plus cette même autorité. Ainsi, les fidèles se réfèrent beaucoup plus à leurs paroles, qu’à la Parole de Dieu.

Du second point de vue, c’est vrai qu’en Afrique,  l’on exige un certain respect pour les personnes âgées. En RDC particulièrement, celui qui a l’âge d’être votre père, on l’appelle papa. En outre, on a tendance à appeler les personnes occupant certaines responsabilités papa.

Mais il faut admettre que de ce point de vue, il y a beaucoup trop d’abus. Certains pasteurs, en étant appelé ainsi, se permettent de traiter leurs fidèles, même les plus âgés,  comme des enfants. Ils vont jusqu’à crier dessus, leur demander d’aller faire la cuisine chez eux, et beaucoup d’autres abus du genre.

Pourtant lorsque nous rentrons dans la bible, Paul dit à Timothée : « Ne réprimande pas rudement le vieillard, mais exhorte le comme un père, les jeunes hommes comme des frères, les femmes âgées comme des mères, les jeunes comme des sœurs, en toute pureté »(1Timothée5v1). Paul ne dit pas à Timothée, malgré son autorité, de se comporter face aux frères dans la foi comme un  Papa Timothée, devant qui tous devront faire des courbettes. Il lui demande, en revanche, d’avoir du respect devant chaque frère dans la foi, selon leur âges et leur sexe, les considérant comme des père, mère, frère et sœur, non pas comme des enfants.

Aujourd’hui, même  dans les assemblées les plus modérées, où la parole de Dieu est plus ou moins prêchée, la même anomalie fonctionnelle. On y trouve en effet des anciens et des diacres qui ne le sont que de nom. En effet plusieurs sont discrétionnairement reconnus anciens ou diacre en fonction de leur rang sociale, de quelques qualités morales, ou de leur ancienneté dans l’assemblée.

Pour certains d’entre eux, étant très occuper dans le séculier, ils n’ont pas le temps pour s’occuper de l’assemblée, ni de prendre soin des brebis, alors que cette dernière tâche est la raison d’être de leur ministère. A cet effet, Paul parlant aux anciens d’Ephèse dit : « prenez donc garde à vous-même, et sur le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Eglise du seigneur ». Or, dans la plupart d’assemblée cette tâche n’est pas la responsabilité des anciens, dans une bonne partie des assemblées de Kinshasa. Alors la question que l’on se pose, que font-il ?

La titromanie n’a pas épargnée  même ceux qu’on appelle les fidèles. De nos jours, il suffit d’avoir une bible, écoutez des chansons religieuses, et allez des temps en temps dans une assemblée dite chrétienne pour être appeler  frère ou sœur. Il y a même certains qui ne supportent pas qu’on les appelle par leur prénom, sans le précéder de frère ou sœur. En soi, cela n’est peut-être pas mauvais, mais nous ne devons pas obliger les autres à nous appeler ainsi. Car si nous sommes véritablement frère dans la foi, les fruits en témoigneront.

Aujourd’hui plusieurs ont le titre de frère, mais n’ont pas la vie qui va avec. Paul pour ce gendre de frère Paul dit : « Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme » (1Corinthien5v11).

Un homme politique, m’a dit un jour, que  pendant la période de campagnes électorales, ils se fait passer pour un frère car, d’après lui, c’est une stratégie qui marche bien au Congo et lui permet d’obtenir plusieurs voix.

 Voilà  comment la course au titre a détourné plusieurs de la simplicité de christ et a plongé l’église dans l’apostasie. Seul un attachement profond et sincère à la parole pourra nous épargner de toutes ces dérives.

 

 

 



10/07/2013
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